dimanche 4 février 2007

Retour d'expérience des débats participatifs parisiens

Verbatims notés au Fiap le 29/01/07 et au Musée Social le 3/02/2007


ENFIN, ON NOUS A DONNÉ LA PAROLE !
C’EST UNIQUE, AUCUN AUTRE CANDIDAT NE FAIT ÇA ! TRAVAILLER SON PROGRAMME AVEC NOUS !

A. Les grandes caractéristiques des débats participatifs sont les mêmes que celles du forum internet « Désirs d’Avenir » :

• La transversalité , le brassage social (générations, milieux sociaux, métiers divers, experts et « gens de base », savants et profanes, politiques et simples citoyens, hommes et femmes, français et étrangers).
• L’égalité de dignité (pas d’estrade ni de pupitre, chacun la parole, le citoyen retrouve voix au chapitre), la mise en cercle, la convivialité des échanges.
• L’écoute entre participants
• Le soin porté à la trace de ce TOUT qui est dit, le compte rendu, la restitution de ce qui a été dit.
• Le fait que l’individu parle en son nom, il ne représente que lui-même
• La parole qui remonte et qui rompt avec le message descendant
• La rencontre de toutes les personnes concernées par le sujet (par exemple, mettre ensemble des juges, des délinquants, des victimes, du personnel des prisons, etc.) ce qui permet la confrontation en direct des points de vue.
• La prise en compte de tout ce travail par la candidate, qui en a fait la demande auprès des citoyens. Ces débats répondent à une commande politique.

Telles sont les grandes caractéristiques soulignées par des participants lors de ces deux points d’étape.
La droite ne pourra pas brouiller les cartes, ni semer la confusion sur ce point : Sarkozy ne fait pas de participatif et la démocratie participative n’est pas récupérable. S. Royal offre au citoyen la possibilité de ne pas se prononcer seulement une fois tous les cinq ans. Au lieu de prendre le micro, elle a tendu le micro aux citoyens, et a permis que naisse une force. Cette force de gauche, la droite ne peut nous la ravir. Le participatif est notre marque de fabrique.
Les participants aux débats comme les contributeurs au forum ont souvent expliqué qu’ils avaient renoncé depuis longtemps à la politique, mais que pour eux cette fois-ci, tout change, Ségolène Royal leur a donné envie de revenir.
Le forum informatique a ouvert la brèche et a servi de point d’appui à l’éclosion des débats participatifs.
Dans ces débats, on constate la participation d’au moins 50 % de gens qui ne sont ni de Désirs d’Avenir, ni du PS.

B. Les principales remarques exprimées sur les débats

1. Il faudrait plutôt parler de travail participatif, et cela n’a rien à voir avec du populisme, de la démocratie d’opinion ou de la démagogie.
o Parce que ces débats mettent chacun en activité
o Parce qu’ils demandent du temps, de l’énergie, de la volonté, des ressources, de l’investissement et de l’engagement, ce n’est pas rien de les préparer, les animer, y participer, les tracer et restituer, les synthétiser. 100.000 contributions, 5500 débats, dont une cinquantaine sur Paris, et sur le forum : 70 modérateurs/synthétiseurs. Déjà 1700 synthèses de débat remontées.
o Parce que ces débats démythifient les thèmes abordés, ils permettent de repenser une question, ils font tomber les idées fausses, les a priori, les idées reçues. Les contresens et les informations inexactes s’effacent vite, les participants prennent conscience de toutes les facettes d’une question, ils s’enrichissent rapidement d’informations et d’idées nouvelles multiples. Tout est souvent lié dans une question : lors de ces débats, on peut aisément tout relier, voir loin et acquérir une vision large.
o Parce qu’ils dépassent la logique de la plainte et ouvrent sur des propositions, des pistes, des stratégies.
o Parce qu’ils permettent de s’approprier la complexité des sujets en en parlant, en osant les aborder, en s’autorisant à se prononcer sur ces « sujets d’experts ».
o Parce qu’ils dérangent chacun, ils remettent en cause personnellement, ils confrontent chacun à ses propres attitudes (exemple des débats sur la vie chère, la violence, les personnes handicapées…)

2. Le participatif est créateur de liens.
Dans les débats, on se rencontre, on se découvre, on prend des contacts, on crée des réseaux. On retisse du lien social. On se revoit, on continue le débat.

3. Le PS vivait refermé sur lui-même, les sections étaient fermées. Le participatif (forum DA puis débats) a ouvert complètement les portes, et redonné de l’oxygène. Une parole politique a été libérée, elle coule à flots. Au PS de la faire fructifier et de la traduire en projets différents.

4. La campagne participative est quelque chose de complètement original, qui n’a jamais été fait par personne d’autre, une audace à mettre au crédit de S. Royal. Les médias, depuis 8 jours, commencent à se rendre compte qu’il se passe quelque chose d’inhabituel. Eux-mêmes se mettent au participatif (TV et radio), un signe qui ne trompe pas.

5. Le débat participatif est un moyen d’entrer en contact direct avec la réalité sociale, il permet de prendre la température : « il remet l’élu dans les clous, il recale les élus ». Il indique aussi très clairement où sont les priorités. Il fait circuler l’émotion, le témoignage de la vie comme elle est.

6. Le débat participatif est un défouloir pour les citoyens et les experts qui ne se sentent pas écoutés, il a un effet « soupape » dans un premier temps, il permet dans une première étape qui fait du bien, de s’exprimer et d’avoir le sentiment d’avoir été entendu. Mais ensuite, on va au-delà : on se met à inventer ensemble.

C’est une expérience humaine très riche, permettant de libérer une parole retenue, pour certains, depuis des années, avec une vraie volonté d’aller vers plus d’écoute, de communication et de compréhension.

7. Le débat participatif donne du courage et de l’audace, beaucoup plus d’audace que n’en ont les politiques ; il est un véritable incubateur d’idées, permet d’avancer des idées neuves, concrètes, innovantes et courageuses, sur des sujets tabous ou prêtant à polémiques, simplement parce que toutes les parties se retrouvent en présence dans un moment et un lieu décalés du quotidien. L’assemblée finit souvent par trouver des convergences. Des formules innovantes apparaissent, qui ne sont pas sorties des cerveaux de ceux qui ont fait les grandes écoles, mais qui viennent des militants, des citoyens. Si l’abolition de la peine de mort (décision prise en solitaire, à contre-courant des sondages d’opinion et du tam-tam médiatique) avait été une décision mise au travail à travers des débats participatifs, qui peut prétendre que la conclusion n’aurait pas été l’abolition ? On peut penser, en constatant combien il est vrai que l’intelligence collective mérite la confiance, que la conclusion des citoyens aurait été celle de Badinter. Constat : les citoyens ne sont pas conservateurs et il y a eu des propositions très concrètes formulées dans les débats, un foisonnement de propositions… innovantes et courageuses, aucun sujet tabou, une vraie confrontation des points de vue, du dialogue, des solutions.

8. Le débat participatif met en évidence le manque d’informations et de connaissances sur les normes, les réglementations, les faits, et montre le besoin de faire circuler les connaissances et les données.

C. Pour la suite, il est demandé de :

• Continuer la campagne participative, surtout ne pas s’arrêter. Faire en sorte que le 11/02 ne donne pas un coup d’arrêt au mouvement lancé.

• Réformer au PS la manière de travailler ensemble, et traduire le participatif dans les modes de fonctionnement.

• Sortir le participatif de la parenthèse de la campagne, lui donner des formes institutionnelles diverses, l’installer dans la durée, l’inscrire dans le programme de la candidate : jury de citoyens à la fin de la mandature, conférences de consensus, forum des citoyens, démocratie locale et maîtrise d’usage, referendum…

• Aller plus loin et démocratiser le participatif, c’est-à-dire porter le débat là où les gens ne débattent pas… Pas encore !

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