mardi 30 janvier 2007

tribune libre: une critique des débats participatifs

Le 30 janv. 07 à 09:29, Dominique FAUQUET m'a écrit, suite au point d'étape du 29/01 au fiap

Bonjour,

Après avoir participé à plusieurs débats "participatifs", je vous fais part des remarques suivantes, qu'il conviendrait de développer.

I) Le débat participatif :

a)n'est pas représentatif de la diversité de la société française. Peut-être ,ce n'est pas son rôle; mais,il faudrait un panel d'électeurs tirés au sort.

b)n'est pas significatif : un parallèle peut être fait avec les cafés-philo : quelques personnes ont des connaissances et des idées, d'autres seulement des idées.Certaines personnes ne disent rien; une moitié se range derrière les idées exprimées par les premières personnes. Bref, souvent , rien ne sort et ne ressort vraiment.

c)est peu clair dans ses résultats :car,enfin, quel critère utiliser pour la synthèse?Le critère du nombre? (la peine de mort non abolie dans ce cas)
Le critère de la faisabilité, de la facilité? La politique, c'est la volonté."Là où il y a une volonté, il y a un chemin"(F.Mitterrand).Mme Royal va-t'elle dire:
"Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie"? [Article du journal Le Monde du 24/01/2007: Démocratie ou démagogie? exemple du débat sur le 3ème aéroport de Paris]

II) Propositions :

a)Nécessité d'une construction : Soit l'épreuve de Culture Générale d'un concours administratif: il faut une ossature, construire un plan, des idées-force, des exemples, des citations, des références. Causes et conséquences. Conditions et effets. Un raisonnement qui aboutit à une conclusion. Un souffle qui doit entraîner l'adhésion de l'auditoire. Un sujet - bateau ne se construit pas à vau - l'eau ! "Je crois aux forces de l'esprit"(F.Mitterrand).
Mme Royal, je n'ai vu ni son squelette, ni son esprit !

b)Le rôle d'un invité : Un élu en charge d'une question, un professionnel d'un secteur. Les participants qui avaient des idées avant le débat se trouvent confirmés ou démentis, mais un débat peut s'engager sur un terrain d'égalité. Les autres apprennent et transmettent leur nouveau savoir à d'autres: c'est le rôle des militants.

En définitive, pourquoi ces débats?

une des réponses possibles : passer le temps, noyer le poisson...

Et je lui ai répondu:

Tout d'abord, merci de nous envoyer vos réflexions.
je les re route vers le groupe "démocratie participative"

Question: acceptez vous que je les publie sur le blog de notre groupe de travail ?

Par ailleurs, je ne partage pas vos remarques sur le fond.

Le programme de S. Royal: elle ne peut le sortir si elle a décidé d'y faire participer les citoyens dans un premier temps.
Elle ne sera pas "l'homme fort" et tant mieux, car nous pensons qu'on n'est plus à l'époque des grands fauves de la politique, comme dit un membre de notre groupe, jean-Marie Hennin.
S. Royal a une méthode: méthode cela signifie: chemin

Ce type de débat ne prétend pas être représentatif.
Il ne répond pas à des critères d'échantillonnage aléatoire. Sont présents les concernés qui peuvent se déplacer ce soir là.
Et des experts.
Chacun ne représente que lui même. C'est un dispositif qui engage simplement des individus.
Il est complémentaire d'autres formes comme le forum citoyen, la conférence de consensus etc.
Comme l'a dit un participant hier soir, un débat comme ça, c'est un incubateur d'idées, cela permet aussi de se défouler, et cela permet de sentir ce qui passe.

Quant à l'idée qu'il s'agirait de noyer le poisson, sincèrement, je crois exactement le contraire.
j'ai l'impression au contraire que le poisson retrouve un peu d'eau et d'espace pour nager.
Autrement dit, que se réimpliquent et retrouvent la parole des tas de gens qui avaient renoncé.

Enfin à notre époque je crois que les militants n'ont plus comme rôle de former les gens.

Vous voyez, derrière la discussion autour de ces débats, il y a finalement toute une conception en jeu

3 commentaires:

christiane a dit…

Commentaire de jean-Luc Pidoux, éditeur
Pour avoir participé depuis le printemps dernier à plusieurs débats participatifs (et pas seulement à votre groupe de travail), j'ai pu prendre conscience de l'importance de ces moments où l'on redonne la parole aux gens. Cela contribue à corriger ce "déficit démocratique" que tous les spécialistes dénoncent depuis des années et qui explique la montée des abstentions ou le refuge vers des extrêmes qui rejettent la politique en même temps que "les politiques". A la rigueur on vote "contre" pour marquer son rejet (et ça donne le 21 avril !).
j'avais édité dès 1985 un bouquin ("La crise est politique. La politique est en crise") qui soulignait déjà la gravité de ce "déficit démocratique" et évoquait dès sa 4e page de couverture : "Le désir s'exprime d'un surcroît de DEMOCRATIE PARTICIPATIVE". Donc Ségolène n'a pas "inventé" un joujou pour distraire l'opinion par d'inutiles "bavardages" (formule entendue hier soir). Elle a compris ce que bien des spécialistes observent quotidiennement dans l'entreprise, les syndicats, les associations, etc. - en tente de corriger tous ces déficits démocratiques par une écoute préalable à la formulation d'un "Programme" - qu'elle imposera ensuite avec autorité comme "son" programme présidentiel.
D'ailleurs, il suffit de voir comment se passent les "débats" à l'intérieur de certaines sections du PS pour comprendre le caractère indispensable d'une authentique prise de parole des citoyens. Dans ces débats, les militants sont alignés en rangs d'oignons - généralement face à une estrade d'où des responsables autorisés du parti ou de la mairie viennent "exposer" la doctrine officielle. Pour satisfaire à la "mode", on ouvre ensuite une sorte de débat, mais qui n'est qu'une succession de questions auxquelles l'autorité officielle répond conformément à la "doctrine" officielle. Top-down. Point barre !
Cela dit, même si les débats de DP se poursuivent après le 11 février, il apparaît indispensable que Ségolène prenne rapidement la parole pour exposer ses idées sur un certain nombre de points essentiels. Sinon on verra se multiplier les défections vers Bayrou, Sarko ou d'autres (quel spectacle de voir des ex-gauchistes comme Glucksmann, Bruckner ou encore des Max Gallo, etc., lâcher la gauche pour la droite !) . Voir aussi le dossier de LIBE sur les enseignants (déjà largement responsables - avec d'autres -du 21 avril.

christiane a dit…

Commentaire de jean-Luc Pidoux, éditeur
Pour avoir participé depuis le printemps dernier à plusieurs débats participatifs (et pas seulement à votre groupe de travail), j'ai pu prendre conscience de l'importance de ces moments où l'on redonne la parole aux gens. Cela contribue à corriger ce "déficit démocratique" que tous les spécialistes dénoncent depuis des années et qui explique la montée des abstentions ou le refuge vers des extrêmes qui rejettent la politique en même temps que "les politiques". A la rigueur on vote "contre" pour marquer son rejet (et ça donne le 21 avril !).
j'avais édité dès 1985 un bouquin ("La crise est politique. La politique est en crise") qui soulignait déjà la gravité de ce "déficit démocratique" et évoquait dès sa 4e page de couverture : "Le désir s'exprime d'un surcroît de DEMOCRATIE PARTICIPATIVE". Donc Ségolène n'a pas "inventé" un joujou pour distraire l'opinion par d'inutiles "bavardages" (formule entendue hier soir). Elle a compris ce que bien des spécialistes observent quotidiennement dans l'entreprise, les syndicats, les associations, etc. - en tente de corriger tous ces déficits démocratiques par une écoute préalable à la formulation d'un "Programme" - qu'elle imposera ensuite avec autorité comme "son" programme présidentiel.
D'ailleurs, il suffit de voir comment se passent les "débats" à l'intérieur de certaines sections du PS pour comprendre le caractère indispensable d'une authentique prise de parole des citoyens. Dans ces débats, les militants sont alignés en rangs d'oignons - généralement face à une estrade d'où des responsables autorisés du parti ou de la mairie viennent "exposer" la doctrine officielle. Pour satisfaire à la "mode", on ouvre ensuite une sorte de débat, mais qui n'est qu'une succession de questions auxquelles l'autorité officielle répond conformément à la "doctrine" officielle. Top-down. Point barre !
Cela dit, même si les débats de DP se poursuivent après le 11 février, il apparaît indispensable que Ségolène prenne rapidement la parole pour exposer ses idées sur un certain nombre de points essentiels. Sinon on verra se multiplier les défections vers Bayrou, Sarko ou d'autres (quel spectacle de voir des ex-gauchistes comme Glucksmann, Bruckner ou encore des Max Gallo, etc., lâcher la gauche pour la droite !) . Voir aussi le dossier de LIBE sur les enseignants (déjà largement responsables - avec d'autres -du 21 avril.

Unknown a dit…

La démocratie participative apparaît comme un remède à la crise du politique. Celle-ci se mesure par la défection de l'électorat au cours des consultations, même les plus importantes, comme par exemple la précédente élection présidentielle. Le taux d'abstention élevé révèle une véritable défiance d'une partie importante des citoyens à l'égard des élus. La démocratie participative permet en effet de prendre en considération des avis de citoyens experts d’une situation particulière, ou qui ont de bonnes idées sans être nécessairement des experts.Mais le citoyen dont on réclame la participation ne doit pas être pris pour un alibi démocratique. On peut également s'interoger: la mise en place d’une démocratie participative, en associant le plus de citoyens possible à la prise de décision, ne reviendrait-il pas à finalement annuler la possibilité même d'une prise de décision effective?

Pour info, un blog sympa s'est spécialisé sur le thème du Dialogue : www.dialogue2007.com